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Du 3 au 9 juillet - Court-métrage

Un court avant le long

Tinder suprise et Katvoman, deux courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 3 au 9 juillet 2024.

Le premier et dernier date de Martin et Julia.

Jeu de mot malin que le titre de ce film court, en référence à l’œuf en chocolat d’une marque bien connue du commerce mondialisé, chéri des enfants pour son petit jouet contenu en son cœur. Ici, pas de chocolat – mais plutôt un cocktail –, ni de gadget à l’intérieur – mais plutôt un coup du sort. La célèbre appli de rencontre digitale sert une nouvelle fois de tremplin à un scénario et à une rencontre.

Un banal rendez-vous galant, en vue d’un plan cul, est directement conclu dans l’appartement d’une jeune femme. L’action débute par son maquillage face caméra, avant d’enchaîner par une discussion avec son hôte dans son salon. Celui-ci tchatche en concoctant des Bloody Mary, tout comme elle échange avec vivacité et espièglerie. Dans le rôle de Julia, Marion Begoc, et dans celui de Martin, Raphaël Quenard. L’énergie du duo fonctionne à bloc.

La trouvaille de l’aventure est de flirter progressivement avec l’angoisse. Du réalisme quotidien émerge une suspicion postérieure. De la légèreté apparente naît une gravité soudaine. Et si… ? Par un jeu de non-dits, d’enchaînements narratifs et de plans sur une porte d’entrée, des meubles, des murs et un visage apeuré, l’imprévu gronde, jusqu’à un final énigmatique. Surprise !

Scénario Rodolphe Bouquet Interprétation Marion Begoc, Raphael Quenard Production Cine Qua Non


  • Katvoman, de Hadi Sheibani, devant les projections de Maria.

Une mère et son fils jouent au jeu Catwoman-Batman avant que le père ne rentre. Pendant ce temps, des bruits et des cris se font entendre de la porte d’à côté ; il semble que qu’un homme ait blessé sa femme. Il est temps pour le père de jouer un rôle dans le jeu avant que le fils ne découvre ce qu’il a fait.

Le monteur iranien Hadi Sheibani passe à la réalisation avec Katvoman, plaidoyer sans appel contre les violences faites aux femmes, y compris conjugales. Dans une société corsetée par l’écrasement du féminin – et dans un monde patriarcal de domination, marqué par les féminicides –, le cinéaste frappe de manière forte.

De l’intérieur, il pénètre dans l’intimité d’un appartement pour mieux raconter au plus près de sa protagoniste. La symbolique de la super-héroïne fonctionne parfaitement pour témoigner de la dichotomie entre élargissement de la parole, depuis #MeToo, et effroyable fatalité de la violence quotidienne. Le masque attise le regard, mais dissimule aussi ce qu’il peut cacher : un visage, une peau, une marque, un coup. Si Catwoman est connue pour sortir ses griffes, ici elle se montre et cache autre chose.

La bonne idée du récit est de mettre en relief une violence domestique par la présence sonore envahissante d’une autre violence en cours dans l’appartement mitoyen. Les contradictions explosent et n’en révèlent que plus fortement l’âpre réalité chez soi. Du jeu initial avec l’enfant, on passe à la révélation finale sans équivoque. Tout n’est pas un jeu, même quand on essaie de préserver un enfant…

Scénario Hadi Sheibani Interprétation Amir Ahmad Sadeghzadeh, Esmaeil Ghasemi, Sepideh Mozaheb

L’Extra Court