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Du 19 au 25 juin - Court-métrage

Un court avant le long

A Stranger from the Past et Omnibus, deux courts-métrages à découvrir dans votre cinéma du 19 au 26 juin 2024.

Lorsqu’un mécanicien ouvre le capot d’une voiture, il réveille accidentellement une force obscure de la nature.

Attention ovni, venu des Pays-Bas… Au croisement du mythe du Golem, de John Carpenter et de Julia Ducournau, voici une œuvre signée Jan Verdijk. Présenté un an avant Titane, ce film très court – moins de cinq minutes de récit – fascine. Comment un garage mécanique devient le terrain d’une rencontre du troisième type. Pas d’extra-terrestre ni de vaisseau spatial, mais une créature de chair et de cambouis, émergée d’une DS Citroën.

L’ambiance rétro et atemporelle accueille l’impossible, l’impensable. Le cinéma de genre règne et se répand, dans un cadre réaliste et universel. L’effroi, l’étrange, l’horrifique gagnent la nuit rugissante. Face à l’incompréhensible, la raison vacille. Que penser et que faire ? Le réalisateur fait de son héros mécanicien un quidam qui passe de l’ahurissement à la prise de conscience, et enfin à l’action.

Le monde proposé est si bouleversé qu’il va périr dans les flammes. C’est un flirt momentané avec l’enfer, provoqué aussi par une altercation sans dialogue parlé. Mais où règnent les sons, la musique radiophonique et les mugissements venus d’outre-tombe. Avec aussi une dédicace souterraine au monde ancien, via la carlingue elle-même survivante, comme si le monstre était nourri du passé.

Scénario Jan Verdijk Musique Koen van de Wardt Interprétation Jochum ten Haaf, Reinier Schimmel Production DPPLR


Pour notre homme, l’armature de sa vie, c’est son emploi. Malheureusement, la clef de voûte de son emploi, c’est la SNCF. Qu’un jour celle-ci s’arroge le privilège de modifier ses horaires, et voilà que la vie de notre homme est bouleversée. La pluie tombe, l’hiver est triste, pourquoi faut-il en plus que l’enfer de notre quotidien soit pavé de bonnes intentions ?

Lauréat des plus prestigieuses récompenses en 1992/93, Omnibus est en quelque sorte devenu, au fil des années, la valeur-étalon du court métrage à chute et sa récente numérisation permet à sa version restaurée de connaître une seconde vie, si tant est que la première s’est jamais interrompue, tant son efficacité redoutable a évité les outrages du temps.

La mécanique irrésistible du scénario continue de déclencher les rires francs des publics qui, plus de vingt ans après sa réalisation, découvrent ou retrouvent la savoureuse mésaventure de ce Monsieur-Tout-le-Monde confronté brutalement à un changement d’horaires de son train quotidien, qui ne s’arrête plus à sa gare de campagne – ce qui promet de lui causer de sérieux dommages professionnels. Avec son regard de chien battu, le quidam parviendra à émouvoir le personnel du train pour que son problème trouve une solution et la manière dont le suspense est mené autour de cet objectif dérisoire – poser le pied un quai – parodie plaisamment les films d’action les plus ébouriffants.

Depuis, l’acteur Sam Karmann aura confirmé ses qualités derrière la caméra à travers plusieurs longs métrages reconnus, certes, mais pas autant que son Omnibus décidément éternel.

Scénario Christian Roth, Sam Karmann Musique Jean Mallet Interprétation Daniel Rialet, Jacques Martial, Christian Rauth, Brigitte Auber, Patrick Jamain Production Lazennec tout court, Lazennec Tout Court

L’Extra Court